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Association des maires – Et pourquoi pas une vraie politique rurale ?

Avec son langage imagé qui déménage, Michel Fournier, président des maires ruraux n’a pas failli à la tradition. Il a secoué le cocotier ! Faudra-t-il créer une URSS nouvelle formule (union rurale des secteurs sclérosés) ? Plus on réforme, plus on concentre et moins nos administrés n’y comprennent rien. Alors le changement, maintenant, c’est de nous foutre la paix ! A force d’avaler des couleuvres, il met la vipère au poing.

Essegney, la commune qui accueillait l’Assemblée, a gagné 40 habitants, mais elle n’en totalise que 767. Une petite commune certes, mais qui défend ses intérêts !

La ruralité n’est pas un gros mot !

Qu’on arrête d’opposer nos villages à des mégapoles, s’emballe Éric Jacote, son maire. Qu’on arrête d’en faire des déserts. Je vois et je défends une ruralité qui bouge, toujours en fusion et en ébullition. La ruralité n’est pas un gros mot, c’est un art de vivre, une philosophie !” Visiblement, ça commence fort ! La ruralité entre en rébellion.

Des territoires qui vivent

Il n’en faut pas plus à Michel Fournier, pour enfourcher ses chevaux de bataille ! “À l’approche d’une élection présidentielle, le risque premier pour nos collectivités, c’est une nouvelle remise en cause de l’organisation territoriale, alerte-t-il . Le message doit passer. “Balayez vos habitudes vieillottes issues de la révolution, faites preuve d’une vision d’avenir ! “ Les communes ne peuvent pas être seulement considérés comme des réservoirs d’électeurs, ce sont aussi des territoires qui vivent. “Il faudrait intégrer cette notion de territoire dans la constitution” suggère-t-il mi provocant, mi sérieux.

Des votes contre un système qui fait fi du monde rural

“Et si les votes protestataires du milieu rural n’étaient pas dirigés contre les politiques d’immigration ni contre les migrants et les sans-droits, mais plutôt contre un système qui fait fi du monde rural ? Ce qui conduit les ruraux à se sentir des sans droits sur leur propre sol, propose-t-il. Si c’est une fausse réalité, c’est un vrai sentiment !”. Les réformes se suivent pour concentrer toujours plus : Grande Région, grande intercommunalité, grands cantons, communes nouvelles. Ces nouveaux découpages existent aujourd’hui, il faut faire avec. “Essayons de les comprendre. Aujourd’hui, les avantages n’apparaissent pas vraiment. Par contre, certaines dispositions sont ruralicides”.

Des mesures ruralicides

La compétence eau par exemple, c’est la porte ouverte aux fermiers et à une augmentation majeure du prix au m3, estime le président des maires ruraux. Les territoires ruraux en zone de revitalisation ne seront plus éligibles aux aides de la DETR, parce qu’ils sont obligés de se rattacher à une communauté d’agglo. Par contre, la loi montagne vient de reconnaitre la nécessité d’adapter les mesures à ces territoires spécifiques. Pourquoi pas une politique rurale ?”, poursuit-il. La Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux (DETR) et les pôles d’équilibre territoriaux et ruraux (PETR) sont des moyens appréciables qui permettent l’aboutissement de nombreux projets communaux.

Tant pis si nous ne sommes pas dans les clous !

Notre force, c’est l’imagination, le savoir-faire, l’énergie, la convivialité qui animent les acteurs des villages, pour bricoler avec parfois des bouts de ficelle, des solutions que nous sommes les seuls à même d’imaginer. Et tant pis si nous ne sommes pas tout à fait dans les clous ! Ce qui sera fait, survivra à toutes les interrogations du système, qui veut faire fi, du bon sens, de l’échange direct, seuls véritables socles de la démocratie“. Mais pas question de rester sur une note négative. “Et si cette centralisation pouvait devenir un chance ? Si l’éloignement des pouvoirs obligeait les décideurs à mieux connaitre les situations locales, à les organiser et donc à mieux s’y intéresser ?”. La réflexion est livrée.

Le numérique, la pierre angulaire

Tout le monde s’accorde sur l’enjeu du numérique pour la ruralité. C’est la grande priorité, mais aussi un problème récurrent ! “Un chargé de relation SFR est venu sur ma commune pour m’expliquer l’importance du numérique, illustre Michel Fournier. Oui mais la fibre n’est pas là !!!  Ce sont de véritables agressions !“. Sentiment conforté par Philippe Mangin, vice président du Grand Est qui revenait de la Meuse où se déroulaient Assises de la ruralité. “Il y a de la colère à l’égard du traitement des territoires ruraux. La fracture est en train de se creuser entre la ville et la ruralité. Internet est la pierre angulaire de l’avenir des communes rurales. C’est notre nouvelle chance ! “. Avec le télétravail, les visoconférences et la télémédecine, l’e-commerce … la ruralité pourrait compenser ses manques.

A l’État de gérer la fracture numérique qu’il a provoquée

Mais l’État doit gérer la fracture. Pour l’instant, ce sont les contribuables qui vont payer !“, insiste-t-il. Que l’État assume ses responsabilités pour l’équité territoriale. Il a équipé les métropoles et 57% des habitants sont couverts, mais ce sont 57% d’urbains. Les autres n’ont rien”. “C’est une fracture inadmissible ! On ne devrait même plus en parler, s’insurge Daniel Gremillet, sénateur. Action !”. Pour équiper la France, il faudrait investir 13 milliards d’€, l’État en met 3 milliards. Philippe Mangin évoque le projet d’un appel d’offres en janvier 2017 pour faire baisser les prix, qui mettrait le coût de la prise à 2000€ pour le raccordement à la fibre.

Les Vosges rurales, ça existe !

Mais la solidarité doit aussi venir de la Nation car la France a fait une erreur stratégique en concentrant son investissement sur les villes !”, estime Philippe Mangin. Les villages sans raccordement devraient être prioritaires. Les maires témoignent du coût d’un raccordement jugé non rentable par les opérateurs. Corinne Nicolas, maire de Vomécourt-sur-Madon, voit passer les travaux sur sa commune sans pouvoir espérer être raccordée. Il n’y a pas assez d’abonnés. “L’armoire si elle est posée sera à nos frais et c’est 50 000€”, somme énorme pour une petite commune ! Alors oui, les Vosges rurales, ça existe et il y a du boulot !

 

B.Boulay

Journaliste, c'est mon job ! J'aime les rencontres qu'il suscite, la diversité des milieux où il nous mène, les enjeux qu'il explore. J'apprécie le jeu de fil de fériste de l'éthique, qui parfois nous complique bien la vie... Après plus de 15 ans d’actualités locales, ACTU 88 est né. L’essentiel en toute simplicité. ACTU 88, c’est un journal indépendant, une aventure, un regard. C’est l’histoire d’hommes et de femmes qui donnent du sens à des projets. C’est la vie d’un territoire face aux enjeux de l’avenir. Faites-en un favori et contactez-moi ! ACTU 88 sera ce que vous en ferez ...

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