Mardi 28 février, le tribunal administratif annulait la délibération de la commune de Mandres-en-Barrois de céder à l’Andra une forêt de Bois Lejuc, pour construire le centre de stockage géologique des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue.
Le projet Cigeo, qui consistait à enterrer dans une couche d’argile à 500 mètres sous terre 85 000 m3 de déchets à haute activité et à vie longue, a du plomb dans l’aiale. “Le transfert de propriété du bois Lejuc entre la commune de Mandres-en-Barrois et l’ANDRA est illégal”, a reconnu le tribunal administratif de Nancy. Ce que dénonçait désespérement les habitants et le CEDRA, mais seulement pour un vice de forme.
Vice de procédure
Le 2 juillet 2015, à 6h du matin, le conseil municipal de Mandres-en-Barrois avait autorisé par un vote à bulletin secret, le maire à céder le bois Lejuc à l’Andra et à l’échanger contre un bois mitoyen. “Une méthode scandaleuse” qui avait poussé un groupe d’habitants à attaquer cette décision. Ils ont eu gain de cause, parce que la commune n’a pas pu apporter la preuve qu’un tiers au moins des conseillers avaient demandé le vote à bulletin secret. Ce qui constitue un vice de procédure.
“L’état de droit bafoué”
Mais le conseil municipal a 4 mois pour régulariser la situation en adoptant une nouvelle délibération dans les règles approuvant l’échange. Par contre, ce contretemps judiciaire conforte la contestation des opposants, qui y voit “une illustration supplémentaire que le dit ‘état de droit’ est allègrement bafoué par l’Andra”, dixit le Cedra. La demande d’autorisation du projet de stockage doit être déposé avant 2018, et si tous ces tracas judiciaires ne lui facilitent pas la tâche, rien n’est enterré !
Ça fait beaucoup d’illégalités !
Le Cedra rappelle également que le jugement de l’été 2016 a confirmé l’illégalité des travaux de défrichement que l’Andra avait commencé dans le Bois Lejuc envers et contre tout. Le 22 février 2017, nouvel ajournement sur la demande de l’Andra de confirmer l’illégalité de l’occupation du bois Lejuc par les opposants et d’expulser Sven Lindström qui s’est déclaré occupant. Celui a reporté sa décision au 5 avril. Des déboires judiciaires qui se cumulent et viennent ternir l’image de l’Andra.
“Tout est fictif à Bure”
Parallèlement, la contestation se fait plus virulente sur le terrain. Le 18 février, elle a mené à de violents affrontements entre les gendarmes mobiles à des manifestants. A force d’ignorer les protestations, la révolte enfle. “Comment expliquer la cécité des élus locaux, des parlementaires, des gouvernants, des organismes dits de « contrôle » car, comme les emplois, tout est fictif à Bure : sûreté, garanties, géologie, confiance, éthique …”, déplorent les opposants, qui invitent les Français à à boycotter les Centrales nucléaires et à consommer de l’électricité 100 % renouvelable.
Fin du projet d’enfouissement profond ?
A force de détermination et de communication, les opposants dont le nombre ne cesse d’augmenter, ont peut-être fini par être entendus … En tout cas le débat présidentiel en remet une couche, avec le projet de plate-forme présidentielle négocié entre Benoît Hamon (PS) et Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts), qui prévoit « la fin du projet d’enfouissement profond de Bure. Le stockage restera en subsurface et des études seront menées pour travailler sur d’autres options » ! Une fenêtre qui s’ouvre ?
Andra : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs – Cedra : Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs
