Ces Vosgiens qui comptent – Krista Finstad-Milion, le questionnement , c’est la vie !

Krista débarque à la mairie sur sa trottinette électrique. Collants orange et robe vert bouteille, elle est à l’unisson de l’automne qui s’installe. Cheveux au vent, sourire aux lèvres, elle marie le naturel à la technologie. La trottinette est à assistance électrique ! Série de portraits en partenariat avec La Semaine (www.lasemaine.fr)

 

Krista vient du Canada anglophone. « De quoi se sentir doublement étrangère en arrivant en France, où la langue a beaucoup d’importance », se rappelle-t-elle. Mais pour elle, aucun doute, elle est avant tout, Européenne.

La biculture, un atout pas une faiblesse

« J’ai grandi au Canada avec le référendum qui menaçait de faire éclater le pays. On avait la chance d’avoir une biculture anglophone et francophone. Ça devait rester un atout, pas une faiblesse ! Ce danger a éveillé ma conscience de l’international et ça m’a obligé à rester tonique ».

Elle intègre la France et la digère

L’énergie déborde chez Krista et elle est irrémédiablement curieuse ! Avec son accent anglophone, elle ne se contente pas d’apprendre la France, elle l’intègre et la digère. « J’étais venue avec mes skis. Je voulais continuer à faire du sport et profiter de la nature ». Alors quand on cherche quelqu’un pour encadrer un séjour de ski, Krista est là ! Elle enseigne l’anglais en entreprise et fréquente les directeurs … Mais l’entreprise, comment ça marche  au fait ? On ajoute une petite dose de cours du soir pour maîtriser les finances et la gestion d’entreprise.

L’aventure à l’internationale

Krista rencontre son mari et décide de rester en France. Elle travaille à l’export. « J’avais besoin d’élargir le cercle de mes pérégrinations ». L’export lui permet de reprendre les voyages et elle s’y épanouit.

Lorsque le 1er enfant s’annonce, elle s’installe avec son mari à Fontenay, un village rural vosgien. Ils achètent les premiers VTT et partent en Indonésie. « On n’a pas payé le train pour les vélos parce que ça ne se faisait pas encore et rien n’était prévu ».

Il fallait juste leur demander

« Au Canada, on éveille la conscience citoyenne très tôt et on a très vite des responsabilités », explique-t-elle. C’est pourquoi lors de ses premières élections au village, elle ne comprend pas qu’il n’y ait qu’une femme sur la liste. « Et où sont les jeunes ? ». Aussitôt dit aussitôt fait, elle fédère autour d’elle, une liste avec des femmes, des jeunes, des anciens, différents métiers, plus représentative de ce qu’était la commune. « Je n’ai eu aucune difficulté à les convaincre. Il fallait juste leur demander ! , constate-t-elle.

Esprit critique, dur, dur !

« Mais en France, quand tu as une idée, on te montre tout ce qui ne va pas aller. C’est le fameux esprit critique. Au Canada, on t’aide à aller jusqu’au bout. J’ai dû puiser au fond de moi pour combattre ce pessimisme, mais je suis sportive. J’ai développé de la résistance et de la persévérance ».

Je proposais le changement

Aux élections, c’est la claque ! Si elle sait mobiliser les gens, à 25 ans, on ne révolutionne pas un village ! Elle n’a pas eu le temps de conquérir la confiance du peuple. « Je proposais le changement, se rappelle-t-elle. Ils avaient peur ! Je n’étais pas préparée à cette hostilité. J’ai pleuré. »

C’est le regard que l’on porte sur les choses qui compte

Après un doctorat, elle est experte en management du changement. Elle recrute des jeunes au pair pour s’occuper de ses enfants et leur donner une ouverture en mixant les cultures et les origines. « On avait de la chance que nos enfants puissent être élevés dans un village dans une classe unique. J’aimais le coté nature, le ski, la forêt, l’eau et l’aspect communautaire du village. On avait tout pour être bien. C’est le regard que l’on porte sur les choses, qui compte».

J’applique ce que j’enseigne

Elle est restée au village, tout en continuant à travailler à l’international. « Je viens avec ma sensibilité et mes domaines d’expertise, pas seulement parce que je les enseigne, mais parce que je les applique ». Krista, c’est l’enthousiasme permanent. Elle remue les montagnes !

Toujours de nouvelles équations !

« J’apprends dans l’action. J’ai besoin de me confronter à des problèmes. C’est comme ça qu’on avance, en cherchant des solutions. Le questionnement fait partie de la vie. Sinon on tombe dans la routine. Il faut sans cesse que je découvre de nouvelles équations». Krista, c’est le magma qui couve sous la sérénité. Aujourd’hui, elle est présidente d’EST’elles exécutive, une association qui regroupe des femmes qui entreprennent.

Pour la communauté d’expériences

Et elle est maire de sa commune. « Moi je trouve super la communauté de communes. Dans le passé, les communes ont évolué dans la solitude, alors qu’on peut chercher ensemble. On peut profiter des expériences des autres ».

Contre la réunionite aigüe

Mais elle part en campagne contre les réunions qui se prolongent indéfiniment. « C’est très français ! ». « Il faudrait accélérer le temps de prise de décision », suggère-t-elle. En tant que femme, le temps, elle sait ce que ça vaut. « J’essaie de maintenir cet équilibre en faisant profiter ma famille de ce que j’ai appris ».

Des solutions gagnant-gagnant

Krista fait la découverte du pouvoir. « Ca change le rapport aux gens ». Mais elle court toujours après les responsabilités, parce que c’est complexe et que c’est ce qui fait avancer, parce que dans les responsabilités, il y a des tensions et que c’est intéressant. Elle cherche des solutions Gagnant-Gagnant, manie la concertation collective, implique les gens, explique et défend le bien vivre ensemble et le concept d’innovation ordinaire.

Trouver des passerelles

Son truc : marier des choses qui a priori n’ont rien à voir et trouver des passerelles. La bonne réponse est composée. La trottinette, c’est de l’innovation ordinaire. « Je donne l’exemple de choses qui ont un sens et nous construisons ensemble ».

 

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