Cornimont – Coulée de Jeanne à la nuit tombée

La coulée d’une cloche sur site a quelque chose de fascinant. Le public ne s’y est pas trompé. Il était au rendez-vous samedi soir sur la place de Cornimont. 2 écrans géants permettaient de suivre la magie du spectacle. On ne coule pas une cloche tous les jours et ce sont des métiers oubliés ! Un savoir faire tellement particulier …

Au coeur d’une chappe de personnes, les 2 feux sont activés et surveillés de près par le fondeur, André Voegelé de Strasbourg et son équipe. Il faut que la température atteigne 1200°C pour la fusion du métal. Mais en extérieur le processus se fait doucement.

Choisir la taille et l’épaisseur pour la bonne tonalité

Auparavant, il a fallu fabriquer le moule. Un noyau (partie intérieure) fabriqué à l’ancienne d’argile, de chanvre pour la cohésion et crottin pour la porosité sur lequel on met des couches d’argile fine (fausse cloche) puis une chape de glaise qui va résister à la chaleur. “C’est l’étape la plus difficile car il faut jouer avec l’épaisseur et la taille de la cloche pour obtenir la bonne tonalité. Pour Jeanne, c’est un Mi”, commente André Voegelé.

Le moule est enterré

On casse la fausse cloche créant un vide entre le noyau et la chape et c’est dans cet espace que le métal sera coulé. Le moule est ensuite enterré dans une fosse et calé le mieux possible pour éviter  qu’il n’explose sous la pression du métal en fusion et la température élevée. “On n’a rien trouvé de mieux que la terre pour absorber cette réaction physique“, précise le fondeur. Un litre de bronze pèse 8,8kg”.

Les fours montent en température

Les fondeurs vérifient régulièrement la température, protégés de casque à visière pour les étincelles et les flammèches. Les flammes s’élèvent dans un jeu de couleur qui oscillent du vert à l’orangé vif. Le cercle du four prend une teinte incandescente. Le spectacle est presque hypnotique.

Le fondeur ajoute l’étain

Le bronze allie 78% de Cuivre avec 22% d’étain.  Quand le four atteint une température suffisante, le fondeur ajoute de l’étain, puis active le feu en une pluie de petites flammèches. Pour être sûrs d’avoir suffisamment de métal, le fondeur y ajoute des morceaux des cloches fêlées, un bronze déjà savamment dosé. Alexandre Gougeon, fondeur à Saint-Jean de Braye n’a pas résisté à l’attrait du métier. Il est venu donner un coup de main.

Une coulée bénie

Enfin, remue ménage ! Le métal est à température. 8 saintiers s’équipent de protections ignifugées, tablier long, gants, bottes et casques… Les hommes du feu s’activent. Ils plongent leur bollée, teste la fusion. Le curé de la paroisse, l’abbé Arnaud Meyer bénit l’opération et place les futures cloches sous la protection divine.

Le métal en fusion comme la lave incandescente

La coulée peut commencer. Elle devra être rapide pour que le métal ne refroidisse pas avant le moule. Un feu est activé à la croisée des rigoles. Une magnifique coulée de feu glisse en “V”. Elle fait penser à la lave en fusion… Ces filins orangés lumineux tranchent sur la nuit noire, le regard est attiré, il y a une vraie fascination !

Jeanne est née

Jeanne est née ce samedi soir lors de la fête de l’eau. Elle pèse 950kg, et produira un Mi. Elle sera démoulée lundi. Pour le fondeur, c’est l’heure de vérité. Après avoir enlevé les “bourrelets”, l’avoir polie à la disqueuse, il devra l’accorder, en vérifier la tonalité et si nécessaire, il poncera un peu de matière à l’intérieur jusqu’à obtenir la bonne sonorité et la résonance attendue. “J’ai fait 50 coulées sur site en 15 ans et je n’ai jamais eu de souci”, rassure André Voegelé.

Baptisées le 4 octobre

Avec Marie Louise Eugénie, sa petite soeur de 680kg coulée le 8 août à Robécourt, qui sonnera en Fa#, elles remplacent 2 anciennes cloches fêlées depuis 25 ans. Les petites nouvelles seront baptisées le 4 octobre.

http://www.actu88.fr/cornimont-lance-une-souscription-pour-restaurer-2-cloches-de-leglise/

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page