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L’intérêt général et vous ?

On met toujours en avant l’intérêt collectif, mais qu’est-ce que c’est ? Attac, la Confédération paysanne et Agir pour l’environnement, proposaient d’en débattre jeudi soir autour de la projection “L’intérêt général et moi “ de Sophie Metrich et Julien Milanesi. Quand les intérêts ne se rejoignent pas, où se situe l’intérêt général ?

Et si l’intérêt politique ne coïncide pas avec l’intérêt des citoyens locaux, que doit-on privilégier ? Le monde change. Il faut des infrastructures, mais où es la juste mesure entre destruction des espaces naturels et modernisation ?

Le pied qui foule la terre

Un pied foule le sable, s’y enfonce avec délectation et le regard parcourt une nature encore sauvage. La diversité des herbacées, la libellule aus ailes transparentes, le papillon qui fait ployer le brin sur lequel il se pose. Une beauté brut, la vie, des images à faire rêver … et de l’autre coté de la barrière, le ruban de bitume de l’autoroute et des témoignages.

Intérêt privé, intérêt général décrété

Ça passe au bout de mon terrain. Au début, je me suis dit : pas de chance ! il faut bien que ça passe quelque part, mais en me renseignant, je me suis aperçu que c’était le tracé le plus long, le plus cher et le plus destructeur. Si ça bouscule ma vie, il faut au moins que ce soit pour l’intérêt général !”.

Les grands projets inutiles qui déclenchent la contestation

L’A65, une autoroute où il ne passe pas assez de voitures, la LGV trop chère, qui ne dessert pas les communes rurales, l’aéroport Notre Dame des Landes qu’on veut agrandir alors que ceux qui existent ne parviennent pas à vivre, tous ces projets qu’on appelle les grands projets inutiles, qui focalisent la contestation générale. Danse des mouvements répétitifs des process industriels, de l’éveil ou des agressions.

Intérêts contradictoires

“Un beau jour, on vous dit : vous devez faire ça. Pour accepter, il faut que ce soit un projet justifié, d’une grande nécessité pour le développement local, mais certainement pas pour que les parisiens gagnent 1/4h pour aller au ski !” témoigne un propriétaire qui résiste. Les intérêts sont contradictoires. Dans les Landes, les communes ont besoin de TER pour relier les villes, aller travailler, chez le médecin spécialiste ou faire des courses, mais ils n’ont pas besoin d’une ligne LGV ! “La volonté du peuple est méprisé dans cette affaire”, s’insurge Noël Mamère.

L’aspect humain bafoué

Que dire des données qui sont fausses, des arguments arrangés, de la presse dépendante des donneurs d’ordre ? ” L’aspect humain est bafoué”. Et le journaliste de conter l’histoire d’une amie viticultrice qui en rentrant chez elle, trouve 15 personnes dans ses  vignes, sans autorisation, ni explication. Plus de mépris, tu meurs !

La ruralité n’est pas la poubelle des pôles urbains

Sans compter que les fameux emplois qu’on fait miroiter aux populations sont juste des entreprises déplacées. Une démonstration avec quelques schémas simples sur la réorganisation des entreprises le long des axes. L’aéroport a un coût de 100 milliards d’€ pour quoi ? Juste pour fabriquer de gros pôles urbains qui vont pouvoir rivaliser avec Shangai ou Toronto et l’espace rurale servira de déchèterie ? “On n’est pas dans le progrès ! Le progrès aujourd’hui, c’est la qualité de vie, pas d’aller plus vite !“. Les locaux veulent vivre connectés … mais à la nature !

Accélération et démocratie

On a fini de consommer comme si on avait 3 planètes de rechange”. Entre opposants et élus, les intérêts divergent et les auteurs s’interrogent : “Notre frénésie de vitesse remet en cause nos processus démocratiques. Où se place l’intérêt général ?“. Entre visionnaires capable de prospectives et le bien vivre où se situe la limite ? Le changement déclenche toujours des réticences et des oppositions. Faut-il les braver au nom de la modernité ? Mais quand la modernité devient-elle nuisible ?

Le projet ne vaut pas le coup de sacrifier leur environnement

“Intérêt local, décision étatique, mais aussi aménagement du territoire ou absurdité administrative”. A travers ces intérêts divergents s’esquisse une vision de l’avenir en rupture. Visiblement, les décideurs n’ont pas les mêmes aspirations que les locaux. Le film parle moins des dégâts des grands projets que de cette opposition qu’elle suscite, parce que les habitants trouvent que le projet ne vaut pas de sacrifier l’environnement.

Concertations de façade et débats tronqués

On y parle également de débats tronqués, de concertation de façade, de confiscation du débat démocratique. Un film sans conteste militant, mais qui a l’intérêt de poser les vraies questions. Mais ce qui gêne également les politiques, c’est que cette mobilisation remet en cause la soumission et le fatalisme. Les habitants ont repris en main leur avenir. Ils résistent et font naître des alternatives. les Zadistes prouvent par l’action qu’on peut vivre autrement sans aéroport (100 miliards d’€), sans plus de LGV (entre 8 et 15 milliards d’€) et sans plus d’autoroute. La France est équipée et cet argent trouverait preneurs.

Toujours les mêmes ingrédients

On retrouve toujours les mêmes ingrédients dans les grands projets inutiles, commente Stéphen Kerckhove, délégué général de Agir pour l’environnement, la duplicité (On ne construira plus d’aéroport sauf …), la grandiloquence (les politiques veulent marquer l’histoire à travers le béton), la simulation de la démocratie (le référendum de Notre Dame-des Landes avec un périmètre restreint et une consultation conçue pour obtenir un oui) et le conflit d’intérêts”.

Des projets pensés quand on ne parlait pas de réchauffement climatique

“Ils ont été pensé dans les années 70 après les trente glorieuses à une époque, où le dérèglement climatique était une abstraction, poursuitil. Mais ceux qui les relancent aujourd’hui connaissent la situation. Pour en finir avec ces grands projets inutiles, il faut de l’éducation populaire et des élus qui ont envie d’entendre. Les ZAD sont inespérées, parce que c’est une contestation qui construit et démontre l’intérêt des alternatives“.

Les enjeux de l’avenir

Le film aborde les grands projets, mais les petits projets inutiles existent partout. La parole des expulsés de la Lande, des associations combattantes, des élus, des hauts fonctionnaires et des journalistes, mettent en évidence des enjeux et la manière dont se prennent les décisions publiques en France aujourd’hui et … des alternatives. Interpellant !

 

B.Boulay

Journaliste, c'est mon job ! J'aime les rencontres qu'il suscite, la diversité des milieux où il nous mène, les enjeux qu'il explore. J'apprécie le jeu de fil de fériste de l'éthique, qui parfois nous complique bien la vie... Après plus de 15 ans d’actualités locales, ACTU 88 est né. L’essentiel en toute simplicité. ACTU 88, c’est un journal indépendant, une aventure, un regard. C’est l’histoire d’hommes et de femmes qui donnent du sens à des projets. C’est la vie d’un territoire face aux enjeux de l’avenir. Faites-en un favori et contactez-moi ! ACTU 88 sera ce que vous en ferez ...

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