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Maison d’arrêt – Les surveillants au bord de la rupture !

La mobilisation se poursuit.“On est à un point de non retour !” assurent les surveillants. La gendarmerie et la police restent à l’intérieur de la prison pour éviter que ça ne tourne à l’émeute. “A l’extérieur, on n’imagine pas à quel point c’est chaud !”

Une semaine que les surveillants manifestent leur colère. Ils n’ont pas le droit à la grève donc ils se relaient et sont une vingtaine mobilisés devant la prison. Le mouvement national appelait à une opération « dépôt de clés ». Elle a été suivie mardi et mercredi à Épinal. «  Concrètement, cela signifie qu’on a arrêté toute activité pour les détenus. Nous n’ouvrons plus les cellules”. Donc ces jours-là, pas de promenade, ni d’atelier ou d’accès à la salle de sport, pas de visites , pas de douche …

Les détenus ne supportent plus d’être cloîtrés

Les détenus le supportent mal. Ils deviennent fous cloîtrés dans leur cellule. Ils refusent d’être pris en otages et font valoir leurs droits. Mercredi, 2 à 3 meneurs auraient brisé leur oeilleton et déposé des détritus dans le couloir en les poussant avec des balais. Ils y ont mis le feu. Il y a eu un dégagement de fumée qui a légèrement incommodé les détenus qui se trouvaient à l’étage, mais il n’y a pas eu de blessés et le feu a été rapidement maîtrisé.

Nous restons professionnels

Nous avons laissé entrer les pompiers contrairement aux rumeurs, et nous restons professionnels, justifient les surveillants. Tout le monde est rentré aider à maîtriser la situation. On est humain ! Hier un pompier qui mesurait le taux de CO2 suite aux débuts de feux a reçu un crachat dans l’oeil. Il a demandé à voir le dossier médical du détenu pour savoir les risques encourus, mais on lui a refusé. C’est confidentiel. Il ne sait pas à quoi s’attendre et devra faire les analyses lui-même”.

On travaille dans l’insécurité

Depuis, pour éviter que ça ne dégénère, les forces de l’ordre assurent la sécurité. “Les détenus parlent de leurs droits mais ils oublient leur devoir, déplorent les surveillants, qui ont vraiment l’impression qu’on écoute plus les détenus qu’eux-mêmes ! On n’est pas en sécurité et on va l’être encore moins pendant les 3 semaines qui vont suivre la mobilisation.Il y a des moments où ils récupèrent les barquettes plastiques, ils les remplissent d’urine ou d’huile chaude et les balancent sur nous. Il n’y a plus de respect de l’uniforme”.

2 poids, 2 mesures !

“Et pourtant, nous on les respecte  et on passe un temps fou à faire du social”. Certains d’entre eux ont été menacés et les crachats sont courants. “On représente l’autorité, est-ce qu’on doit laisser passer ?”. Un autre explique qu’il a été agressé il y a 4 ans et demi, mais que son affaire n’est toujours pas passée au tribunal. “Par contre si on se défend, la procédure pour nous sanctionner sera immédiate. 2 poids 2 mesures !” dénoncent-ils.  Ils veulent être soutenus par l’État qu’il représente. Pourtant il y a aussi des bons moments et des relations de confiance avec certains …

On n’a rien pour faire face à une rebellion

On n’a rien pour faire face à une rebellion ou une agression. On ne peut même plus fouiller les détenus, la loi nous l’interdit sauf suspicion forte dont il faut justifier plutôt 2 fois qu’une ! Il ne faut pas croire que parce qu’on est à Épinal, dans une petite prison, il n’y a pas de violence. On se retrouve face à des détenus qui sont en pleine forme alors qu’on assure 5 à 6 nuits par mois et que ça perturbe notre rythme, qu’on peut enchaîner 24h sur 2 jours, qu’on a parfois une journée de 18h30 ou rester 13h au mirador … Mais les agressions, la révolte, les émeutes, ça arrive ici aussi. Il ne faut pas grand chose pour que ça bascule. Par contre, ici, on peut dire que la direction soutient ses agents”.

On manque de personnel

Épinal ne déroge pas à la réputation de ces établissements. Il manque du personnel : “3 surveillants dans l’unité femmes, 2 chez les mineurs. Il manque un professionnel du sport. Nous avons un technicien et un surveillant qui fait office de technicien sur 4 postes. L’économe vient de partir en retraite, elle ne sera pas remplacée avant 1 à 2 ans. Ça ralentit le service et c’est difficile à gérer pour ceux qui doivent reprendre une partie des tâches“.

Du matériel en état

Les surveillants pointent aussi le matériel. “On a un filet anti-projections qui laisse tout passer depuis le magasin CCV, il arrive de l’alcool, des téléphones et bien d’autres choses !“. Des conditions qui rendent l’encadrement de plus en plus difficile voire dangereux en multipliant les sources de conflits. “Les détenus ne demandent plus, ils exigent, voire menacent“, constatent-ils. Ils aiment leur travail malgré les difficultés, mais ils sont complètement découragés face au peu de reconnaissance que suscitent leurs efforts.

Des conditions de travail tenables

On est mal perçu à l’intérieur, on est mal perçu à l’extérieur et on ne nous entend pas. Pour les voeux, personne n’est venu nous voir, nous “la soi-disant 3e force de l’État”. On a l’impression d’être transparent. A Épinal, les détenus ne vivent pas dans des conditions déplorables. Ils ont le bouquet TV pour 4€/mois et le pot de Nutella à 3€. Ils ont des activités, des ateliers, la salle de sport et du travail et c’est bien qu’ils aient de bonnes conditions de détention, mais nous, on demande aussi des conditions de travail correctes et tenables”.

Des problèmes psychiatriques ou de radicalisation

Autres constatations, les surveillants doivent gérer de plus en plus de personnes avec des problèmes psychiatriques, parce qu’on ne les envoie en unité spécialisée que pour les cas les plus sévères, et le problème de la radicalisation. “On a des personnes qui ne croyaient en rien en entrant, qui intègrent un groupe pour être protégés par une communauté et sortent radicalisés. Ce ne sont pas ceux qui recrutent. Ceux-là se font discrets, mais  ce phénomène de contamination au contact de détenus radicalisés est réel à Épinal aussi“.

Un point de non retour

Les négociations commencées il y a quelques jours ont viré au dialogue de sourd. Les surveillants ne lâchent pas, parce qu’ils estiment qu’ils ont atteint un point de non retour. Ils veulent obtenir un renforcement de la sécurité dans les prisons, un recrutement massif d’agents et la création d’établissements spécialisés pour les détenus radicalisés. Pour eux, la sécurité ne se fait pas au rabais !

La direction interrégionale des services pénitentiaires attend la fin des négociations avec le Ministère pour s’exprimer et verra décliner les accords en fonction des différentes situations locales.

 

B.Boulay

Journaliste, c'est mon job ! J'aime les rencontres qu'il suscite, la diversité des milieux où il nous mène, les enjeux qu'il explore. J'apprécie le jeu de fil de fériste de l'éthique, qui parfois nous complique bien la vie... Après plus de 15 ans d’actualités locales, ACTU 88 est né. L’essentiel en toute simplicité. ACTU 88, c’est un journal indépendant, une aventure, un regard. C’est l’histoire d’hommes et de femmes qui donnent du sens à des projets. C’est la vie d’un territoire face aux enjeux de l’avenir. Faites-en un favori et contactez-moi ! ACTU 88 sera ce que vous en ferez ...

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