Protection civile – Quentin Thomas témoigne de sa mission à Saint-Martin
2 Vosgiens de la Protection civile, Wilfried Lechat, 44 ans et Quentin Thomas, 24 ans, viennent de rentrer de leur mission de secours à Saint-Martin. Ils y sont restés 15 jours (du 19 au 30 septembre) et en sont revenus bouleversés. Quentin Thomas témoigne.
“C’est l’apocalypse, raconte Quentin Thomas. On s’y était pourtant préparé, on avait imaginé des choses, mais rien n’était à la hauteur de ce qu’on a trouvé là-bas ! Tout est dévasté. Il ne reste plus rien, les quartiers n’existent plus. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, plus de réseaux, plus rien ! Personne ne s’attend à une telle vision ! On n’a jamais vécu ça !“.
Un personnel qui part, c’est 10 qui préparent
Ils étaient envoyés avec 22 volontaires auxquels s’est ajouté 22 des îles. Parmi eux, 7 du Grand Est et 2 Vosgiens. “Un personnel qui part, c’est 10 qui travaillent à préparer”, commente le président départemental Jean-Christophe Roussel. Ils avaient emmené 3 tonnes de matériel groupes électrogènes, motopompes, tentes, rations … “Nous avons eu la chance de pouvoir trouver un accord avec Enedis et de le charger dans l’avion qu’ils avaient affrêté”.
Déblayer par 40°C
Sur place, les équipes de la protection civile des Vosges ont effectué des missions de pompage et de déblaiement, mais aussi du soutien psychologique aux sinistrés. “Les journées étaient dures. Il faisait 40°, parfois 42°C et de 8h à 17h, on déblayait en plein soleil ! On a été accueillis comme des sauveurs. Dans une école, un enfant de 10 ans n’avaient plus vu personne depuis l’ouragan. Nous avons fait une exception ce jour-là et joué au basket”.
Ils sont heureux d’être en vie
Certains quartiers sont inaccessibles même à pied même en escaladant les débris. D’autres quartiers n’existent même plus… On dirait qu’il y a eu un bombardement. “C’est tellement impressionnant ! La population là-bas a tout perdu. Les gens n’ont plus rien du tout, mais ils vous disent que ce n’est pas important. Les gens ont le sentiment d’avoir vu la mort de près et ils sont heureux d’être en vie ! Ils n’ont plus rien mais ils vous accueillent et partagent encore le peu qu’ils réussissent à récupérer”.
Intégrée à la sécurité civile pour la 1ère fois
Aller d’un endroit à un autre devient mission d’une journée. Ils ont réussi à se faire prêter de vieilles voitures et des utilitaires.”On a eu la chance d’être la seule association à être intégrée à la sécurité civile. C’est la première fois. Nous lavons bâché les toits des hôtels avec les unités militaires de Nogent et Brignolles, pour que le tourisme puisse reprendre le plus vite possible, parce que c’est la base de leur économie”.
Opération débrouille
“Nous avons développé un relationnel et une complémentarité qui sera réutilisée pour d’autres catastrophes. Nous envisageons des formations communes”, complète le président. Si la palette de rations n’est arrivée que plusieurs jours après, alors qu’elle était partie avant, les personnels de la protection civile ont réussi à faire du troc et avaient emmené des rations en bagages accompagnés. Ils ont dû se rationner, mais ont pu manger quand même !
Besoin d’une récupération
“Ça nous a montré qu’on était plutôt bon dans l’organisation et la gestion de crise et comme on avait l’habitude d’intervenir avec d’autres partenaires, c’était un atout. Ça nous facilitait la tâche”. Une expérience particulièrement enrichissante que Quentin Thomas est prêt à renouveler, mais pas tout de suite. “J’ai besoin de me retrouver un peu avec mes repères et les miens en terrain stable. Une expérience comme ça, c’est épuisant et c’est bouleversant émotionnellement“.
Une expérience qui marque
Laisser les populations derrière soi avec encore tant à faire, est difficile, mais il faut qu’elles retrouvent aussi leur autonomie et reprennent leur vie en main. Un apprentissage humanitaire et humain qui marque et qui coûte.