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Saint-Dié – La monnaie locale au café !

Il était 20h lundi, mais la monnaie locale était au café citoyen à la Maison mosaïque avec Frédéric Bosqué, co-fondateur du Sol-violette et Michel Boitard, président du Collectif du Stück (monnaie lancée il y a un an) et une centaine de citoyens. On en parle de plus en plus !

Responsable de structures de l’économie sociale et solidaire, praticien des monnaies locales et citoyennes, militant pour l’instauration d’un revenu de base inconditionnel, Frédéric Bosqué amène 7 ans de conviction et de pratique. Pour Michel Boitard, le stück n’existe que depuis un peu plus d’un an. La monnaie locale strasbourgeoise a été lancée le 3 octobre 2015 après 3 ans de gestation.

Juste 2% des échanges monétaire dans l’économie réelle

“Nous avons un vrai problème de captation de richesses, parce qu’un seul acteur a la capacité de mettre de la monnaie en circulation et qu’il se fait payer pour le faire. Aujourd’hui, 98% des échanges monétaires se font dans les économies spéculatives des marchés financiers et seulement 2% dans l’économie réelle ! Il nous faut donc nous réapproprier l’outil monétaire pour enraciner notre force économique dans un territoire de vie”.

15% de pouvoir d’achat pour toute la monnaie émise

Comment ? “En émettant notre propre monnaie utilisable dans un réseau d’acteurs de notre territoire. Les monnaies locales complémentaires (MLC) ne sont pas un « gadget pour bobo » ! Utiliser une monnaie citoyenne est l’acte le plus révolutionnaire que nous pouvons faire au XXIe siècle ! Si demain les citoyens commençaient à changer ne serait-ce que 15% de leur pouvoir d’achat en MLC, ça veut dire que nous serions en mesure de récupérer toute la monnaie émise par la Banque Centrale, rien de moins !”.

50 en France, 30 en projet

Il existe plus de 5000 monnaies locales dans le monde, 50 qui tournent en France et 30 en projet“, annonce Frédéric Bosqué qui privilégie le principe de fonte de la monnaie, c’est à dire que la monnaie perd de sa valeur après une date fixée, pour accélérer et dynamiser les échanges. Ce qui fait bouger les choses, c’est que de plus en plus de collectivités importantes comme Lyon et Strasbourg participent à la démarche de monnaie locale.

Associer la population aux décisions

La monnaie ne doit pas être pensée en termes de stocks, mais de flux. La première étape est bien de clarifier ce qu’est la monnaie pour chacun des membres qui portent la démarche et d’en extraire des valeurs qui fassent consensus. La monnaie locale va être utilisée dans la société civile, créer du lien social et amener les personnes à se sentir bien sur leur territoire de vie. Elle privilégie des entreprises qui associent leurs employés aux décisions et respectent des critères sociaux. La monnaie locale a l’intérêt de favoriser une gouvernance large et diversifiée.

Des valeurs sociales et environnementales

La monnaie locale va inciter les entreprises partenaires à limiter leur empreinte carbone et à recycler plus leurs déchets, à en produire moins et à travailler avec des producteurs locaux. Enfin, l’axe économique. Quel est le juste prix ? “Plus vous serez exigeant sur les critères, moins vous aurez d’acteurs économiques. Vous pouvez aussi fixer des défis aux entreprises qui entrent dans la démarche pour les amener à progresser”, commente Frédéric Bosqué.

Un gros travail de régulation

Fixez-vous une date butoir qui vous laisse le temps de bien poser les choses et puis allez-y ! Votre monnaie ne sera jamais parfaite au début et vous aurez un gros travail de régulation à faire.Ça veut dire y mettre des moyens et des permanents. Le monnaie ne doit pas être la chose d’une association. Il faut prendre le temps d’obtenir un consensus pour porter cette monnaie et de former la relève. Il ne faut pas avoir peur de s’ouvrir aux limites des frontières et attention que ça ne devienne pas une usine à gaz du fait de la complexification”, conseille-t-il avec humour.

Le stück sur le marché strasbourgeois depuis un an

Le stück (région de Strasbourg dans un rayon de 50km et Sélestat) fonctionne depuis un an et il a déjà 61 000 stück en circulation, 1200 citoyens adhérents, 198 professionnels, 10 bureaux de change et le collectif réflechit à son extension sur tout le Bas-Rhin et à un stück numérique. Une belle démonstration.” L’idée a émergé en juin 2012. La monnaie a été lancée le 3 octobre 2015 après 3 ans de gestation“, présente Michel Boitard.

Des groupes de travail

Le stück a été aidé par le fonds social européen, l’Ademe, la ville, le département et la région. Il dispose d’une chargée de mission pour manger ce mouvement citoyen et veiller à sa convergence. Elle coordonne les actions des groupes   : un groupe projet pour faire évoluer la démarche, un groupe réseau pour faire travailler les citoyens sur ce qu’ils veulent pour leur monnaie, un groupe communication, un groupe richesses humaines, un groupe Éducation populaire et un groupe recrutement des services civiques entre autres.

Un coordinateur,un gestionnaire et des animateurs de réseaux

Et les groupes plus accès sur l’économique et les finances : un groupe agrément : quels professionnels agréer, sur quels critères, un groupe gestion de la monnaie, un groupe circulation de la monnaie, un groupe finances, managés par un responsable de gestion de la monnaie. Un service civique travaille avec les professionnels, un autre avec les partenaires. L’objectif à 3 ans est l’autonomie financière, c’est à dire avoir un  réseau suffisant pour alimenter la structure, son équipe et un local. Des designers ont travaillé sur le visuel des billets.

Une richesse humaine

“Dans le trouble actuel,une monnaie locale permet une écoute des gens, complète Frédéric Bosqué qui a le recul de plusieurs expériences. Il faut prendre en compte de coté de l’épanouissement humain pour que ça marche. les services civiques ne sont pas là pour travailler mais pour découvrir le monde, les bénévoles ont une famille et des impératifs de vie. Et c’est cette richesse humaine qui fera que les gens voudront faire partie de l’aventure”.

Des défis à relever pour les entreprises agréées

Suite aux questions des participants, il revient concrètement sur l’agrément des professionnels à partir d’un questionnaire d’une vingtaine de questions. “La monnaie locale est basée sur un contrat de confiance, explique-t-il, ce sont les entreprises qui s’autoévaluent. Moins de 8, c’est un refus, entre 8 et 12, un agrément temporaire avec des défis d’amélioration, plus de 12 elles sont agréées pour 2 ans”.

Une synergie bénéfique et stimulante

“Avant la loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014, anlyse Frédéric Bosqué, on était toléré, mais on n’avait pas vraiment les moyens de créer une spirale à la hausse. L’idéal serait que les collectivités au lieu d’y mettre 30 000€, y mettent des millions”. Des mesures comme la défiscalisation des dons, le remboursement possible des frais de déplacement par l’État vont aider l’amplification de l’impact de la monnaie locale. “Pour l’instant, les expériences qui ont assez de recul, ont vu pour les professionnels un chiffre d’affaire augmenter d’environ 10% et ont noté des effets de développement indirects : création d’emploi, redynamisation”.

Une monnaie numérique

Pour avoir un développement de masse, il est important d’avoir une monnaie numérique sinon beaucoup de secteurs comme le cinéma ne peuvent pas être partenaires. La démarche s’appuie sur la confiance, l’image de marque puisque les entreprises doivent être agréées et respecter des valeurs environnementales et sociales. Il faut y ajouter une volonté politique que le territoire reprenne les rênes de son économie, par plus de démocratie participative et en privilégiant l’activité locale. Choisir la monnaie locale, c’est participer à un mouvement civique pour son territoire”.

C’est vital et c’est légal !

Bien sûr, la monnaie locale, c’est du travail, du monde impliqué, l’obligation de s’adosser à une banque de préférence coopérative, et c’est de nombreux écueils à éviter pour maintenir l’enthousiasme des débuts, mais c’est vital et légal !

 

B.Boulay

Journaliste, c'est mon job ! J'aime les rencontres qu'il suscite, la diversité des milieux où il nous mène, les enjeux qu'il explore. J'apprécie le jeu de fil de fériste de l'éthique, qui parfois nous complique bien la vie... Après plus de 15 ans d’actualités locales, ACTU 88 est né. L’essentiel en toute simplicité. ACTU 88, c’est un journal indépendant, une aventure, un regard. C’est l’histoire d’hommes et de femmes qui donnent du sens à des projets. C’est la vie d’un territoire face aux enjeux de l’avenir. Faites-en un favori et contactez-moi ! ACTU 88 sera ce que vous en ferez ...

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