Région – Pas d’aides fourragères pour les petites fermes !
Le Conseil régional de Lorraine vient de présenter son dispositif d’aide aux fermes touchées par les pertes de fourrage suite à la sécheresse de cet été. “Les critères d’éligibilité éliminent les petites et moyennes fermes herbagères,” estiment les 3 syndicats agricoles, la Confédération paysanne, la Coordination rurale et la FDSEA.
La sécheresse est venue aggraver une situation déjà difficile pour les éleveurs, qui ont dû subir des prix “non rémunérateurs”. Aujourd’hui, les trésoreries sont vides, alors qu’il va falloir acheter le fourrage d’hiver. ” Ce sont 30M€ que les éleveurs vosgiens devront dépenser pour compenser la perte en fourrage“, avance la FDSEA. Mais les critères d’aide fixées par la Région sacrifient clairement les petites exploitations. “Ces critères ont été déterminés sans concertation avec la profession“, déplorent les 3 syndicats.
Juste les gros élevages !
Pour être éligible à cette aide, il faut avoir plus de 50 vaches laitières (sans les génisses), plus de 50 vaches allaitantes, plus de 330 brebis, ou encore plus de 30 hectares de surface fourragère. De même, il est prévu une majoration pour les surfaces en maïs ensilage au détriment des prairies pourtant tout aussi impactées par la sécheresse.
La Lorraine est la Région qui a perdu le plus d’exploitations en 3 ans
Des critères extrêmement discriminants ! inacceptables pour les 3 syndicats, d’autant plus que dans la publication de sa note de juillet 2015, la direction régionale de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Forêt ((DRAAF) souligne que la Lorraine est la région de France, où la perte d’exploitations est la plus élevée (1560 fermes disparues entre 2010 et 2013, soit -12,3%) ! En privilégiant les grosses exploitations pour les aides, la région précipité la chute des petites t moyenne ! “En 2010, selon le dernier recensement agricole, il y avait près de 5000 fermes de – 30 ha, soit 40% des fermes en Lorraine”, insiste Dominique Barad.
Des discours et … des actes ?
“Il est dommage, pour une Région de gauche qui défend constamment l’aménagement du territoire et la sauvegarde des petites exploitations, que tous les critères retenus par le Conseil régional aillent à l’encontre de ses belles intentions !” assène la FDSEA. Les JA, les élus de la chambre d’agriculture, s’élèvent contre ces critères qui excluent trop d’éleveurs, notamment en zone montagne.
Laisser mourir les petits ?
“Nous rappelons que par ailleurs, dans les commissions de mise en œuvre du fond d’allègement de charges, les représentants de la coopérative EMC2 présidée par Philippe Mangin ont plaidé pour une attribution assez restrictive des aides de l’État. Selon eux, il serait préférable de concentrer un maximum d’aides sur un minimum de fermes“, soulignent les porte-paroles des petites exploitations, qui évidemment plaident pour qu’un maximum d’agriculteurs puissent bénéficier des aides de la Région. Pas question de laisser mourir les petits !
Une lettre au président de Région
“Nous pensons que la crise touche tout le monde, et nous refusons de croire qu’écarter les exploitations de moins de 50 vaches soit une solution d’avenir pour l’élevage lorrain ! Le message envoyé à la profession agricole serait très négatif”, s’insurge La Coordination rurale dans une lettre au président de région, Jean-Pierre Masseret. “L’union Euroépenne prévoit la reconnaissance des éleveurs à compter de 10 UGB, c’est ce critère qui doit être retenu ! ”
Que le conseil régional revoit sa copie !
Les 3 syndicats demandent au Conseil régional de revoir sa copie et de traiter avec équité l’accès aux aides des plus petites fermes et des systèmes herbagers. “Il en va de l’avenir de nos territoires et des agricultures les plus respectueuses de l’environnement naturel et social”.
UGB (Unité Gros Bétail): système de mesure des tailles de troupeau avec des coefficients selon les espèces animales.
