Chèvrerie de Lusse – Un relais intercommunal appréciable

On connaissait les bâtiments relais industriels. A Lusse, c’est un bâtiment agricole relais qui a permis l’installation de la chèvrerie des Hautes Merlusses. Aujourd’hui, après 12 ans, Elsa et Frédéric Bencteux sont devenus propriétaires de leur exploitation et la commune se félicite de cette opération.

Aujourd’hui, les agriculteurs n’ont plus les moyens de s’installer. Les exploitations utilisent du matériel technologique pointu et les réglementations sont de plus en plus contraignantes.  Quand il faut également payer le terrain et les bâtiments, les montants sont exorbitants.

Un minimum de charges au démarrage

Pour que l’installation soit possible, il faut un minimum de charges au démarrage et qu’elles augmentent progressivement au fur et à mesure du développement de l’activité. C’est ce qu’a permis ce bâtiment relais.

Ouvrir le paysage

L’intercommunalité souhaitait qu’une exploitation agricole soit maintenue, pour ouvrir le paysage et maintenir une activité en montagne.  « C’est un choix de l’État de faire une expérience d’implantation agricole dans des zones difficiles », explique le maire Arnould Delesseux.

Un bâtiment agricole relais

La collectivité a pris à sa charge l’achat du terrain et la construction du bâtiment pour 171 138 €. Les exploitants ont assumé les aménagements intérieurs, les investissements pour la production et ont payé un loyer pendant 12 ans jusqu’à cette année en mars, où ils sont devenus propriétaires de leur chèvrerie.

70 chèvres

L’exploitation s’étend sur 20 ha et compte 55 chèvres en lactation, 70 bêtes en tout.

« Nous avons tout misé sur l’herbe, détaille Elsa Bencteux, éleveuse, à laquelle on ajoute un peu de maïs. On va acheter nos céréales en direct chez des producteurs et on se fait livrer nos 10 tonnes de maïs. Plus ça va, plus on diminue les intermédiaires pour garder une marge plus intéressante ».

Dès avril en pâture du matin au soir

Dès avril, les chèvres sont en pâture du matin au soir, quel que soit le temps. Ce sont des races alpines qui sont adaptées aux fortes pentes.

L’exploitation est en production biologique et valorise les circuits courts pour la vente des fromages aussi. Elle fait de la vente directe, sur les marchés locaux et vend aux restaurateurs et magasins bio.

Trop peu pour la demande

« Nous ne produisons pas assez pour la demande», reconnaît l’agricultrice. Mais employer quelqu’un à la vente demanderait un cheptel de 250 chèvres. « Nous préférons travailler de nos mains. Ce ne serait plus possible avec un tel troupeau», déclare Frédéric Bencteux.

Les sangliers, une catastrophe !

Le couple part en guerre contre les sangliers, qui ravagent tout essai de culture de maïs, déjà peu aisée en montagne. « On ne peut rien faire ! J’ai eu 3 ha de dégâts dus au gibier. J’ai acheté du matériel et replanté 5 ha. J’ai eu 300€. Je ne veux plus faire de déclarations de dégâts gibier ! ».

Les Lussois évoquent l’égrenage pour les grandes chasses en Alsace. « On leur donne 6T de maïs à Lusse, alors que j’en donne 10 tonnes à mes chèvres ».

Un comité local

Le préfet demande au sous-préfet de mettre en place dans la semaine des comités locaux avec un représentant de chaque groupe pour gérer au mieux le problème.

Aux Hautes Merlusses, la production de lait est de 120 à 150 litres par jour en plein rendement. Ce qui fait une production de 1000 fromages par semaine, dont 60% sont vendus sur les 2 marchés de Saint-Dié et Colmar.

Passer à une seule traite

Jusqu’à maintenant, les éleveurs faisaient 2 traites par jour (2×3/4h). Ils envisagent de passer à une seule traite pour gagner du temps. « Le prix du lait de chèvre s’est cassé la figure », souligne Elsa Bencteux.

L’exploitation parvient à faire un chiffre d’affaires de 70 000€. « L’agriculture comme on la fait, avoue l’éleveuse, je ne sais pas si beaucoup voudront encore la faire ».

Expérience concluante

L’objectif pour l’instant reste de maintenir le chiffre d’affaires en tentant de réduire les charges. « Sans le système du bâtiment relais, les banques ne nous auraient pas suivis pour des chèvres et nous n’aurions jamais pu avoir un élevage de cette dimension », conclut-elle.

Une expérience concluante pour tous. Il ne reste que le problème des sangliers…

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