Confédération paysanne – Le “produire plus” coule les paysans !

Les militants de la Confédération paysanne le redisent haut et fort lors de la visite de la ferme bio de Christine et Éric Boon à Bonnefontaine. Il est urgent de changer de modèle économique ! 15 à 20% des agriculteurs sont prêts d’arrêter à très court terme. La planète s’épuise. Il est temps de réagir … et vite !

A Bonnefontaine, Christine et Éric Boon ont 20ha. Une petite exploitation familiale sans “entrants”. Les vaches sont nourries de l’herbe et fourrage qu’ils produisent et récoltent eux-mêmes. Ils sont en agriculture Bio et élèvent des vaches de race vosgienne. “Le lait se vend 450€/1000l en bio et sans grosses charges, on arrive mieux à équilibrer le système”, explique Éric Boon.

On attend que le monde agricole s’écroule ?

Les modèles d’exploitation intensive croulent sous les charges et coulent. C’est un fait. Le plan d’urgence est une rustine, mais ne résout rien, tous les agriculteurs le disent. Alors, on attend que le monde agricole s’écroule ? “Il faut rendre les fermes autonomes, autonomes en herbe et alimentation du bétail, autonomes en financement et en décision”, avancent-ils.

Le combat de l’export est perdu d’avance !

La réponse du gouvernement est grossir encore et exporter, démontre Dominique Barad, porte-parole Vosgien du syndicat, mais produire plus implique de mécaniser pour compenser la surcharge de travail et d’emprunter pour payer les machines, c’est un cercle vicieux ! Mais le lait est sur le marché mondial et en Belgique ou aux Pays Bas, des agriculteurs peuvent vendre leur lait 220€/1000litres. Pourquoi les laiteries achèteraient-elles du lait 340€/1000l alors qu’elles peuvent l’avoir à 220€/1000l ? Le combat est perdu d’avance !”

Arrêtons de vouloir nourrir la planète !

“Les règles sont dictées par le marché et c’est le moins disant qui a la main. Le marché cherche à rémunérer le capital, pas à créer de l’emploi. Comme ce ne sont plus les paysans qui décident du prix, donc les États compensent le manque à gagner par des aides. Dans les Vosges, 70M€ de subventions ont été versés aux agriculteurs. Les aides représentent la moitié du chiffre d’affaires. Mais on est en surproduction. Alors, arrêtons de vouloir nourrir la planète et contentons-nous de nourrir nos voisins”, plaident les paysans de la Confédération paysanne.

Privilégier le local, la qualité et l’emploi

Ils préconisent de revenir à des exploitations à taille humaine, qui privilégient la qualité, créent de l’emploi et font vivre les communes en relocalisant la plus value. “Le 1er médicament, c’est notre alimentation !”, insistent les éleveurs. Xavier Beulin a 11 casquettes différentes, c’est un groupe financier pas un groupe agricole. Réfléchissons qualité, plus value et vente locale. Que les aides soient réorientées vers la qualité et les emplois. Il y a une réunion européenne des ministres de l’agriculture en septembre, mais j’ai peur qu’on poursuive sur la lancée du libéralisme“.

Fermes plus petites et diversification

Il y a 20 ans, j’étais parti dans le productivisme, témoigne Claude Cornu, agriculteur retraité de Plombières-les-Bains. Mais on n’y arrivait plus alors on a remis en cause notre fonctionnement. On a réduit notre exploitation de 15 ha. On a gardé une ferme de 50 vaches laitières et 2 emplois et on a diversifié en créant des chambres d’hôtes et c’est comme ça qu’on s’en est sorti”.

On se regarde mourir ou on agit ?

A la crise économique, s’ajoute la crise écologique. Le réchauffement va être catastrophique si on n’arrive pas vite à stopper la progression. On est déjà à 1,8°C et il ne faut pas qu’on dépasse 2°C  ! On va s’y atteler ou on attend de subir les dramatiques conséquences ? Aujourd’hui, on a du recul et on voit que ça mène dans le mur à tous les niveaux … On se regarde mourir ou on agit ?

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