Conseil municipal d’Épinal – Budget sur fond de rixe politique

Ce jeudi, Michel Heinrich, maire UMP d’Épinal, attendait l’opposition au virage. L’occasion de s’offrir le luxe de démontrer qu’en situation délicate, les propositions ne fusaient pas et d’abattre sans discussion ses cartes. Une solution qui, elle, par contre n’a pas suscité de débats.

Michel Heinrich menait clairement le jeu. Il a présenté la situation. La baisse des dotations de l’État  sera de 19,5M€ sur le mandat 2014-2020.”Pour la 1ère fois depuis mon mandat, nous ne discuterons pas des nouveaux services et investissement que nous allons mettre en place mais de la rigueur qu’on nous impose et de la manière de gérer la situation”, annonce le maire.

Recettes : – 640 000€, dépenses : + 1M€

Pour Épinal, malgré une légère hausse du produit fiscal (du fait de l’État qui augmente la base de calcul) de 421 000€, la baisse globale des recettes accusera une chute de – 640 000€ par rapport au budget 2014. les dépenses augmenteront de 1M€, avec une dépense obligatoire imposée aux collectivités de 423 000€ de la masse salariales qui représente le plus gros poste des dépenses de fonctionnement (57%).

Proposez-moi des solutions !

L’autofinancement doit donc se réduire de 1,64M€. “Dites-moi ce que je dois réduire ?” interroge le maire, véhément, qui explique que l’épargne brut passe de 6,2M€ en 3014 à 2,5M€ en 2016, puis à 700 000€ en 2017. “Mais à ce stade, on n’a plus les moyens d’entretenir quoi que ce soit. Il faut une épargne brut de 5,7M€ pour pouvoir assumer les 7,5 M€ de travaux en maîtrisant les dépenses au même niveau”. L’engagement de la majorité était de ne pas augmenter la fiscalité et de ne pas s’endetter. “Proposez-moi des solutions !”, insiste-t-il.

Tout le monde doit contribuer à la réduction du déficit

L’opposition justifie la situation de la ville, par le contexte du déficit abyssal de l’État. “Tout le monde doit contribuer à la réduction du déficit, qui s’est envolé ces 10 dernières années, défend Jean-Pierre Moinaux, divers gauche. Notre rôle d’élus, c’est de faire des choix, de concilier des exigences contradictoires”.  “Je suis contre l’austérité, proteste Jean-Claude Lacour. Si on continue comme ça, on va droit dans le mur. Je n’ai pas de solution et c’est ce sentiment d’impuissance qui amène la population vers l’extrême droite”.

C’est le problème de toutes les collectivités

“Mais comment en est-on arrivé là ? questionne Arnaud Bouvier, liste Bleu marine. Il y a sûrement eu des dépenses inconsidérées”. “La ville d’Épinal n’a jamais eu de problème !  proteste Michel Heinrich. Ce n’est pas le problème de la ville, c’est celui de toutes les collectivités. La baisse des dotations est beaucoup trop brutale !”. D’ailleurs l’association des maires et le comité des finances locales ont demandé de limiter la baisse des dotations. “Plus une ville est importante, plus elle est impactée. Ce sera 12€ par habitant par an pour une ville rurale et 35€/habitant/an pour une ville comme Épinal. la baisse est proportionnelle à la dépense de fonctionnement”.

 Pas encore du catch …

Vous êtes plus habile à annoncer la démission du maire dans le bulletin municipal, qu’à donner des idées pour résoudre le problème“, lance-t-il. Ce soir, c’est tir groupé ! tout le monde en prend pour son grade. “Vous avez les rênes de la ville, c’est à vous de trouver les solutions. Nous n’avons pas tous les éléments pour construire des solutions“. Les échange sont vifs, un peu musclé. Pas tout à fait du catch mais …

Un fonds de réserve

Le maire sort alors sa carte maitresse. Le niveau des dépenses de service va évoluer d’après les simulations au-dessus de 11,5 M€ (seuil au dessous duquel la ville ne peut plus assurer ses services). De 2017 à 2020, les prévisions passent en dessous du seuil limite. Puis elles remontent en 2021. Michel Heinrich propose donc de créer un fonds de réserve dès 2015 en passant les dépenses de services de 13,27M€ à 12,5M€. Ce qui permet de dégager presque 1M€. Ce fonds se cumulera jusqu’en 2016 puis il servira à “boucher les trous” jusqu’à ce que le seuil soit de nouveau dépassé. “Voilà la façon dont nous allons essayer de sortir de l’impasse. Ce sera difficile”, conclut-il. Échec et mat !

Encore un tour de vis

Il faudra pour la ville ne pas remplacer les départs et serrer sur les services, ne plus envoyer de personnel à l’association des maires de Paris … Ce sera contraint.

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