Party Girl – Une aventure humaine en terrains non balisés …

“Party Girl” sera projeté en Avant première dimanche aux Cinés Palace à Épinal en ouverture de l’opération Ciné Cool. Couronné de la Caméra d’or au Festival de Cannes, ce film aborde avec beaucoup d’émotion, les questions du non conformisme, de l’amour, de la place de chacun dans la société et des codes. Marie Amachoukeli sera là. Elle nous parle de ce qu’elle a voulu faire.

Résumé du film : Angélique, la soixantaine, entraîneuse de bar arriva à un tournant de sa vie. Elle a moins de succès, les hommes se détournent des cabarets. Mais un de ses fidèles, Michel lui propose de l’épouser. Est-ce que ce sera l’occasion de “se ranger” ? Du rêve, de l’émotion, des contradictions et des choix, mais rien de facile !

– Vous semblez vous avoir choisi de traiter des sujets de société ?

Avec Claire Burger et Samuel Theis, nous voulons surtout réinvestir des territoires géographiques qui sont laissés de coté. Nous n’avons pas peur de montrer des accents, des façons de faire, des attitudes, des comportements très locaux et nous en faisons de la fiction. Presque tous nos films se passent en Moselle (excepté un tourné dans les Cévennes). Ce n’est pas par hasard que nous situons dans une région un peu à la frontière de tout. le pari est audacieux. C’est une énorme prise de risques, mais c’est terriblement excitant ! Et surtout nous avons la chance d’avoir des gens qui nous soutiennent.

– Réaliser à 3, ce n’est pas courant, peut-être du jamais vu, pourquoi ce choix ?

Nous avons grandi et nous nous sommes construits ensemble. Nous avons des sensibilités, des façons de voir extrêmement proches. C’est une démarche spontanée, une responsabilité partagée. Dans ce dialogue à 3, on a élaboré une même vision. On croit à ce dialogue. Ça ne veut pas dire qu’on ne “s’engueule” jamais ! Mais quand on se heurte, c’est qu’on n’a pas trouvé la bonne idée. On a travaillé de concert. Et à 3, on gagne du temps. On a réalisé le film avec très peu d’argent, une toute petite équipe, peu de temps de tournage. On n’a eu qu’un mois de préparation pour repérer les lieux et faire les démarches et dans ces cas-là, être 3 et se partager les tâches est un atout !

– Pourquoi avoir choisi Angélique ?

Nous avons été très touchés par cette femme en marge de la société, qui déroge à la règle et affiche une liberté provocante. A travers sa vie, on a vu comme dans un miroir, toutes les question de la société que tout un chacun se pose. A travers ses interrogations, ses doutes, ses hésitations, on a touché du doigt nos limites à nous. Angélique arrive en fin de carrière, qu’elle considère presque comme une fin de vie. Elle va devoir apprendre à vivre autrement et elle  nous montre cette capacité à se réinventer.

– Elle symbolise cette quête existentielle à laquelle personne n’échappe ?

Angélique provoque une déferlante de questions. Elle est géniale pour ça ! Elle n’est jamais là où on l’attend, elle défie la vie avec impertinence et audace. Elle vit tout avec une intensité folle, à puissance 1000. Tout le monde la pousse à rejoindre le cadre de la société “normale”, mais ça ne lui correspond pas. Elle a besoin de se sentir vivre, d’être regardée et aimée. On a dressé le portrait d’une femme libre, pas en faire un modèle, mais quelqu’un qui renvoie un questionnement. Elle arrive à exprimer des choses qu’on réprime. et j’ai de l’admiration pour ça.

– C’est un peu la difficulté d’ajuster l’être et le paraitre ?

Angélique est une femme autonome qui a payé le prix fort pour ça. C’est une femme libre avant l’heure. Elle se débat avec la conciliation du travail et de la vie de famille. Elle veut aimer passionnément, mais l’amour, c’est quoi ? Ëtre femme, c’est faire quels choix ? A 60 ans, elle fait le bilan, à une époque où on ne se posait pas ces questions. Elle n’est pas dans la compromission comme la plupart des gens. Elle va affirmer haut et fort ce qu’elle est et l’accepter. C’est un acte de liberté hyper fort. C’est enthousiasmant et effrayant, mais c’est un vrai questionnement.

– Pourquoi avoir choisi de tourner avec les personnes réelles de l’histoire ?

On m’a suggéré de confier ce rôle magnifique à Catherine Deneuve. J’ai refusé. C’est la famille de Samuel Theis, on savait qu’ils pouvaient jouer. Michel est un acteur incroyable ! On lui donnait une scène et il la jouait juste. Il n’y avait pas besoin de le diriger. C’est excitant de donner la parole à des gens à qui on ne la donne pas d’habitude et de voir que ça fonctionne magnifiquement bien. Pour la famille de Samuel, ils pouvaient nous faire confiance et ils le savaient. S’ils étaient mis à nu, c’était pour les montrer dignes, pas pour les jeter en pâture. Et nous les connaissions assez bien pour rester fidèles à ce qu’ils sont. Angélique a eu quelques réticences face à la caméra. Elle ne voulait pas embrasser un homme.

– Des prix prestigieux à chaque production, c’est une reconnaissance ?

Plus qu’une reconnaissance qui nous conforte dans nos choix, les prix représentent une autorisation pour poursuivre. C’est très précieux ! On va continuer à 3 et chacun séparément aussi. On ne veut pas se laisser emprisonner dans un genre. On a besoin de liberté. On fait un film comme on part à l’aventure, sur des terrains non balisés, et on sort  quelque chose qui n’était pas attendu. Pour Party Girl, on y va  à 3, avec une famille qui interprète ses propres rôles, des territoires où personne n’ose tourner. On aime être à la frontière de beaucoup de choses !

Dimanche à 16h15 aux Cinés Palace d’Épinal

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