Grève des médecins – Le tiers payant généralisé coince !

Les médecins ne veulent pas du tiers payant généralisé, pas plus que des dossiers médicaux personnalisés tels qu’ils sont prévus. Ils craignent une ingérence de l’Agence régionale de santé dans leur façon d’exercer la médecine. A la ligne bleue, les 30 médecins étaient grévistes, même s’ils ont assuré certains actes qui ne pouvaient pas être reportés.

Le docteur Gérard Lefaure, président de Sogecler (Société de gestion des cliniques d’Epinal réunies) et le docteur Bernard Hardt, urologue, parle de montée en puissance de la colère des médecins. “Nous avons commencé par une grève des soins électroniques mais c’était du pipi de chat”. Le feu a couvé, aujourd’hui les termes sont beaucoup plus violents ! Ils parlent de “suppression de la libéralité” et vont jusqu’à “la soviétisation”.

Tous les syndicats unis contre la loi

Quand tous les syndicats dénoncent la loi de santé, elle ne peut pas passer en force, c’est du mépris pour la profession ! Peut-être faudrait-il entendre ce que veulent dire les médecins“, insiste le Docteur Lefaure. La CSMF, la SML, MG France, la FMF, … font bloc contre la loi de santé. Même SOS médecins et la FHP (fédération de l’hospitalisation privée ont annoncé  leur soutien au mouvement !

Pas d’ingérence !

Avec le tiers payant généralisé, les médecins craignent l’incitation à la sur consommation. Mais surtout, ce qui les hérisse le plus, c’est la sensation d’ingérence dans leur façon de professer la médecine. “L’Agence régionale de la santé nous paiera, elle aura tout loisir de fixer ses exigences en termes d’objectifs, détaille le Docteur Hardt. Je suis à coté d’usines et je prescris plus d’arrêts de travail que mes collègues, on peut me rappeler à l’ordre et m’obliger à diminuer le nombre d’arrêts prescrits”.

Dossier médical, attention aux règles de sécurité

Et de poursuivre : “Je n’ai pas peur de l’ingérence, je n’en veux pas ! Je suis médecin. Ce que je prescris est adapté”. Pas question pour eux de donner les clés et un chèque en blanc à l’ARS ! De même, ils partent en guerre contre le dossier médical personnalisé. “C’est dangereux ! Que va-ton faire de ces données médicales ? Qui va y avoir accès ? Est-ce que les assurances pourront voir et utiliser des données personnelles. Quelles dérives se prépare-t-on ? , interrogent les 2 praticiens. Il faut d’abord poser les règles de sécurité“.

 Les visions à courts termes ont cassé le système

Ils ne veulent pas de cette main mise sur le travail. Ils se sentent bafoués, dénigrés. Ils sont montrés comme ceux qui ne veulent pas lâcher leurs avantages, comme ceux qui ne veulent pas aller dans les déserts ruraux. “Mais qui veut aller dans un village où il n’y a même pas une épicerie ? interroge le Dr Hardt, Ce n’est pas nous qui sommes à blâmer !”. “On a tout fait pour massacrer le système, enchaîne le Dr Lefaure. En formant moins de médecins, on a pensé avoir un système moins dispendieux, mais on a oublié que les maladies étaient toujours là ! Aujourd’hui, on manque de médecins et il va falloir 10 ans pour en reformer“.

Retirer la loi et travailler en concertation

Un seul médecin qui perçoit un complément d’honoraires, pénalise tous les autres de l’établissement. “Il faut retirer la loi et travailler en concertation, assènent-ils déterminés. Cette loi est issue du travail de bureaucrates et la Ministre le prend comme un défi personnel”. C’est la rupture entre 2 visions de la santé, mais les médecins sont sur le terrain.

La Ministre s’entête

“Au fur et à mesure de la mise en œuvre, ils verront que c’est simple. Ils pourront prendre le temps de s’adapter au tiers payant, et les choses viendront naturellement”,  déclare la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui refuse de se laisser impressionner par cette opposition en bloc. Le texte sera examiné lundi à l’Assemblée nationale en deuxième lecture.

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