Agriculture – Les intempéries en remettent une couche !

Les précipitations, les inondations viennent s’ajouter aux difficultés que rencontrent les agriculteurs. Les cultures ne seront pas rattrapables, les bêtes ne peuvent plus être en pâture et consomment le fourrage de l’hiver. “On est déjà sur le fil du rasoir, le moindre couac et ça ne passe plus !”, constate Yohann Barbe, président des Jeunes agriculteurs.

“Après une année trop sèche en 2015, on arrive au printemps qui est le temps des récoltes en herbe, remarque Jérôme Mathieu. On a la quantité, mais pas la qualité ! Depuis l’Ascension, il n’a pas fait beau. Les foins au mieux ne sont pas finis, au pire ne sont pas commencés ! Pour les cultures, beaucoup de parcelles ne sont pas semées et même s’il fait beau cette semaine et que l’on sème, les cultures (le maïs en particulier) ne seront à maturité que fin octobre- début novembre”.

De la fibre, mais il faudra des compléments

Ce n’est pas la joie chez les agriculteurs  ! “Donc pour l’herbe, il y a la fibre, mais il faudra compléter avec des compléments alimentaires”, poursuit le président de la chambre d’agriculture. Avec les champs inondés, les bêtes ne peuvent plus rester en pâture. Elles piétinent dans la boue, ce qui empêchera la repousse de l’herbe et n’aiment pas se coucher dans l’eau. Elles sont donc à l’abri à l’étable et commencent à consommer le fourrage d’hiver. Il faudra en racheter, ce qui plombera un peu plus les trésoreries qui sont déjà au plus bas. “Et puis, nos bêtes ne sont pas bien, regrette Philippe Clément, président de la FDSEA. Le foin n’absorbe pas bien l’urine et fait de la poussière”.

60% d’eau en plus de la normale

Cette année, on enregistre 670mm de précipitations depuis le début de l’année au lieu des 480mm en moyenne des 15 dernières années, soit une hausse de 60% de pluie par rapport à une année “normale”. Les terres sont détrempées, voire inondées, les parasites se développent et les ravageurs pullulent (limaces et corbeaux). Les agriculteurs vont devoir traiter les bêtes plusieurs fois dans l’année, et ajouter le coût du traitement aux dépenses déjà exponentielles. Et en plus, la production de lait est en baisse car les animaux dorment mal et sont fatigués.

Pas un tel niveau de précipitation depuis 1983

Les élevages sont impactés par ces fortes pluies, mais les abeilles aussi. Elles ne trouvent plus autant à butiner. Les chemins suintants ne permettent plus l’accès des engins aux bois pour les travaux de débardage. Toutes les filières agricoles pâtissent de ce temps. La chambre d’agriculture multiplient les rendez-vous techniques pour trouver des solutions. “La situation est inédite, remarque encore Jérôme Mathieu. Il n’y avait pas eu ce niveau de précipitations depuis 1983“.

“On a tout eu !”

On a tout eu, souligne Yohann Barbe. Les problèmes administratifs avec la PAC, le ciel qui nous tombe sur la tête, les prix qui continuent de chuter. On est coincés entre le marteau et l’enclume. 2 grosses laiteries ne veulent rien entendre et ne pensent qu’à leur profit. Pourtant, avoir des prix plus rémunérateurs nous permettraient de pouvoir gérer les autres imprévus. Pour l’instant, ce n’est pas le cas !”. Évidemment, ce n’est pas sécurisant pour les jeunes qui pensaient à s’installer et ceux qui démarrent n’ont pas de stocks de fourrage des années précédentes, il leur faut tout acheter.

Terres inondées pour protéger Paris, et nous ?

On a des terres inondées pour que Paris ne le soit pas, mais est-ce que les terres agricoles doivent être inondées pour servir de sas d’expansion aux crues ? Si la réponse est oui, eh bien qu’on nous rémunère pour ce qu’on perd ! Les terrains agricoles devraient servir avant tout à la production d’alimentation”, protestent encore les agriculteurs, qui ont l’impression de tout porter sur leurs épaules. FDSEA et JA fustigent également le mauvais entretien des cours d’eau, qui créent des barrages à certains endroits, bloquent les flux qui n’ont plus d’autres solutions que de sortir de leur lit.

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page