Fukushima – Naota Matsumura lance une alerte rouge : « Arrêtez les centrales ! »

Invité par le journaliste Antonio Pagnotta qui le connaît bien pour l’avoir suivi après la catastrophe de Fukushima, Naoto Matsumura est 17 jours en Europe du 4 au 21 mars, pour faire passer un message au monde entier : Arrêtez le nucléaire ! Personne ne peut lutter contre les conséquences dramatiques d’un accident nucléaire !

Son message est clair, simple : « Arrêtez le nucléaire ! Personne ne peut dire qu’il n’y aura jamais d’accident et quand ça arrive, c’est fini ! Le nucléaire est un échec ! ».

La France doit porter ce message

Naota Matsumura, 54 ans, agriculteur, a été irradié lors de la catastrophe de Fukushima. Il est en forme aujourd’hui. Il ne sait pas ce qui se passera dans 3 ans, 5 ans ou 10 ans. «Ma mort ne changera rien au monde, mais ce que je fais aujourd’hui en réclamant la sortie du nucléaire et en témoignant de la réalité après une catastrophe nucléaire, est bien plus important. Au Japon, on cache la vérité. La France doit porter ce message ! ».

En zone interdite

Naoto Matsumura vit à Tomioka, dans le No man’s land de la zone interdite à 20km du réacteur accidenté, parce que sa famille n’a pas voulu de lui, quand il aurait dû évacuer. Elle ne voulait pas subir sa contamination ! Rejeté, il a préféré retourner chez lui, continuer à vivre près de la nature et essayer de sauver les animaux abandonnés, plutôt que errer et tout perdre. Parce que c’est ce qui se passe quand vous êtes dans une zone contaminée, vous perdez tout ! Plus de maison, plus de travail, plus d’objets personnels. Vous devenez réfugiés, anomymes et pestiférés !

3 ans plus tard, rien n’a changé

Antonio Pagnotta a suivi Naoto Matsumura pendant environ 2 ans. Et il l’a convaincu de venir témoigner en France. Organisé par 2 organisations qui défendent l’environnement, Greenpeace et Vosges alternative au nucléaire, son séjour de 17 jours en Europe est un vrai SOS : « Arrêtez le nucléaire ! Le Japon se voile la face, mais 3 ans après la catastrophe, rien n’a changé ! Les gens reviennent dans une zone qui a été décontaminée, mais les radiations sont dans l’atmosphère, et tout est de nouveau irradié. On ne peut pas décontaminer l’atmosphère ! Les experts disent qu’il faut s’attendre à trouver des points de concentration de césium, les « hot spots », chahutés par les différents courants ».

Manger des produits du terroir non contaminés

Samedi après un passage parisien, il se ressourçait  dans les forêts du Vallon Saint-Martin avec les associations environnementales vosgiennes, avant de poursuivre son témoignage à Fessenheim, dimanche. François Fransot agriculteur à Viomenil, lui a offert une pause repas,  où il a pu savourer les produits du terroir non contaminés ! Chez lui, impossible de manger quoi que ce soit qui pousse sur son sol. Il se nourrit des colis qu’on veut bien lui envoyer.

Développez les énergies durables

Les gens dans la région de Fukushima, vivent avec des compteurs Geiger pour mesurer la radioactivité de tout ce qu’il consomme. Environ 160 000 personnes sont parties de la zone interdite, mais elles se sont trouvées sans le savoir dans des zones de hot spot (nuage de concentration de radioactivité), que personne n’avait détecté.

Du 4 au 21 mars, il lance un cri d’alerte à tous les habitants, aux associations et aux gouvernements. « Avec l’argent que vous mettez dans les centrales, développez les énergies durables ! ».

La peur au ventre

Pourtant, avant Fukushima,  Naoto croyait de bonne foi, que les Japonais avaient suffisamment avancé dans la technologie pour maîtriser les risques du nucléaire. Aujourd’hui, les populations vivent dans la peur du lendemain. Quelle maladie, quelle malformation vont-ils développer ? Quel avenir  y a-t-il pour leurs enfants ?

Levez l’omerta

« Mais c’est trop tard et le Japon préfère faire comme si tout était maîtrisé et opposer le silence. Les gens eux-mêmes préfèrent ne plus y penser pour parvenir à vivre », témoigne-t-il, mais  il supplie encore : « Ne venez pas aux Jeux olympiques en 2020 ! Tokyo est irradié aussi ! C’est de la folie et il faut le dire !».

Le nucléaire pas une fatalité !

Naoto Matsumura vit avec son compteur. La norme en France doit être inférieur à 1 millisievert/an. Chez lui, la radio activité oscille entre 0, 1  et 20 millisieverts/h. En moyenne, c’est 7 à 8 millisieverts/h. Il vient en France pour alerter : « La catastrophe nucléaire, ce n’est pas que chez les autres ! ». Le Japon a encore 53 réacteurs, la France, 58 et chacun d’eux peut exploser. Que ce soit un accident ou l’action des terroristes « Le nucléaire, c’est une réalité, pas une fatalité, mobilisez-vous ! », insiste-t-il.

Demain, peut-être vous ?

Pour le quotidien, il l’aborde de manière zen. « De toute façon, je n’y peux rien ». Il vit dans un silence interpellant, l’absence de vie autour de sa ferme… Demain, ça peut être vous !

http://www.actu88.fr/le-nucleaire-cest-une-bombe-de-damocles-au-dessus-de-la-tete/

http://www.actu88.fr/fukushima-un-accident-nucleaire-ca-ne-se-repare-pas/

 

 

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