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Réfugiés de Calais – Malick et Jahred, Soudanais dans la tourmente d’un génocide

Malik et Jahred sont arrivés à Épinal de Calais lors du démantèlement de la jungle et ils veulent témoigner de leur histoire. Ils veulent que le monde sachent ce qu’il se passe chez eux, pourquoi ils ont dû tout quitter. Ils veulent qu’on sache qu’ils n’ont pas eu d’autre choix et que partir est juste survivre. Ils essaient de  trouver un port d’attache  juste pour se reconstruire … Ils ont sans cesse en tête leur famille, ceux qui sont morts et ceux qui restent dont ils n’ont pas de nouvelles.

Malik et Jahred sont d’une tribu Zaghawa. Pas la même, mais ils ont vécu les mêmes persécutions, parce que cette tribu vit de l’agriculture et qu’elle est pourchassée par le gouvernement en place. On sait selon des sources officielles que les Massalit, les Four et les Zaghawa, sont la cible d’actes de violence depuis 2003, moment où la guerre a éclaté au Darfour.

Un nettoyage ethnique connu

Le régime soudanais, sous la présidence d’Omar al-Bashir, et les milices affiliées sont tenus responsables de la violence ciblée. On parle de « nettoyage ethnique ». Les crimes contre l’humanité sont constatés à maintes reprises par Amnesty international, le gouvernement des États-unis parle lui de génocide.

Attaques nocturnes et terreur

Malick laisse couler les mots d’une voix monocorde comme pour tenir à distance les faits. Il raconte les attaques nocturnes répétées des milices pour brûler leur village et semer la terreur, sans raison précise. Et ce à maintes reprises. A chaque fois, ceux qui survivent, se relèvent et poursuivent le quotidien comme ils peuvent, en reconstruisant ce qu’ils peuvent et en pleurant leurs morts. Malick y perd 2 frères. Sa famille comptait 6 enfants.

Le feu à la maison

Le jour suivant, la milice met le feu à leur maison. Ils n’ont plus rien… Ils décident de partir à Nyala, à la ville. “Mais les paysans ne sont pas bien vu à la ville et il est très difficile de trouver du travail pour essayer de survivre”, explique Malick. Il cherche des petits boulots pour faire manger sa mère et ses 2 frères. Il finit par trouver un petit job, tout juste suffisant pour manger au jour le jour. Ils habitent un bidonville.

Arrêté à son travail

Petit à petit, la famille à force de se serrer la ceinture, arrive à mettre de coté de quoi faire partir l’un d’eux mais un seul. Mais les choses se précipitent. Un jour, le gouvernement vient chercher Malik sur son lieu de travail. Les miliciens inspectaient les lieux de chicha à la recherche de personnes des 3 tribus poursuivies. Les miliciens lui demandent de sortir. Ils vérifient son nom et lui mettent les menottes. Il lui enfile un foulard sur la tête pour qu’il ne voit pas où il l’emmène.

Torturé tous les jours pendant 2 ans

6 personnes sont dans la pièce. Il les regarde une par une, droit dans les yeux. Il apprend qu’il est accusé d’avoir un téléphone qui lui sert pour alerter un gouvernement extérieur. Il n’en a évidemment pas ! Malick est frappé et torturé et on lui annonce que ce sera comme ça jusqu’à ce qu’il donne ce téléphone (qu’il n’a pas). Il est resté dans cette prison 2 ans, de 22 à 24 ans, à se faire torturer tous les jours.

Opéré mais de quoi ?

Un jour, les miliciens viennent le chercher. Ils le menottent de nouveau, lui enfilent le foulard sur la tête et l’emmènent dans un 2e endroit, où il pense être resté un mois, mais il n’a plus trop de repères. Malik raconte qu’il a été opéré au niveau du ventre, mais il ne sait pas ce qu’on lui a fait. Il était aussi bien portant qu’on pouvait l’être dans ces conditions. S’il insistait pour savoir, il se faisait torturer. Il a arrêté de poser des questions.

Il arrête de poser des questions …

Un mois plus tard, il se faisait toujours taper, mais les miliciens tapaient en plus sur ses frères et sur sa mère. Un jour, ils lui ont amené sa mère. Il raconte qu’elle ne l’a pas reconnu tellement il avait été battu. Mais il n’a jamais perdu espoir qu’un jour peut-être il en sortirait. Il a arrêté de poser des questions, il a arrêté de poser des problèmes, il s’est concentré sur la récupération de ses forces.

À construire des Buildings

Il a commencé à remarcher et à entrevoir des gens de sa tribu qu’on emmenait pour travailler, sans qu’il ne sache où. Et un jour, ils l’ont emmené aussi à 50 ou 70km pour travailler à la construction de buildings. La journée, il était sur des échafaudages, le soir en prison. Un homme qui était là depuis 4 ans, lui a donné quelques tuyaux. Il ne pouvait pas s’enfuir parce que sa famille était menacée, mais il en a fait profiter Malik.

En fuite

Il a attendu une opportunité sur le chantier et s’est enfui avec une seule hâte en tête : arriver au plus vite dans sa famille pour les prévenir avant que ses poursuivants ne s’aperçoivent de sa fuite et ne cherchent à punir sa famille. Un homme lui a donné une djellaba pour cacher son uniforme de prisonnier et lui a donné un peu d’argent pour prendre le bus. Il a réussi à rejoindre sa famille, avant que sa fuite ne soit signalée.

Peur que la milice ne fasse payer sa famille

“Ma mère m’a dit de partir pour ne pas retourner en prison, mais de ne pas rester à la maison parce que c’est là qu’ils me chercheraient d’abord“, témoigne Malik. Il a commencé par refuser de s’enfuir parce que pour lui, sa maman était plus importante, mais elle l’a forcé à partir. Il a pris ce qu’il avait mis de coté et il a quitté le pays la peur au ventre, redoutant que la milice ne se venge sur sa famille.

Sous les chars et les mitraillettes

Il a dû payer des pots de vin à droite et à gauche pour ne pas être dénoncé. Il est resté à la frontière du Tchad, sans passer à l’intérieur du pays lui-même secoué par des conflits. Mais dans le désert, il a pu trouver des mines pour travailler car il n’avait plus d’argent. Mais les gouvernements du Tchad et du Soudan ont décidé de bloquer les frontières. Ils ont installé des chars et des mitraillettes et menacé de tirer sur les gens qui essaieraient de passer la frontière.

De nouveau arrêté en Lybie

S’il restait où il était, Malik risquait d’être tué, donc  il a choisi d’avancer avec un groupe de 6 personnes, qui lui ont demandé de l’argent pour rester avec eux. Ils sont arrivés en Lybie, où ils se sont faits arrêtés.

A suivre

 

 

 

B.Boulay

Journaliste, c'est mon job ! J'aime les rencontres qu'il suscite, la diversité des milieux où il nous mène, les enjeux qu'il explore. J'apprécie le jeu de fil de fériste de l'éthique, qui parfois nous complique bien la vie... Après plus de 15 ans d’actualités locales, ACTU 88 est né. L’essentiel en toute simplicité. ACTU 88, c’est un journal indépendant, une aventure, un regard. C’est l’histoire d’hommes et de femmes qui donnent du sens à des projets. C’est la vie d’un territoire face aux enjeux de l’avenir. Faites-en un favori et contactez-moi ! ACTU 88 sera ce que vous en ferez ...

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