Écologie – Rabhi, le sage : “Changer pour ne pas disparaître”

D’un discours clair, parfois anxiogène, ce conférencier invité vendredi dernier par AMI-BIO n’a pas démérité à sa réputation. Véhément lorsqu’il en appelle à “l’insurrection des consciences“, il s’est montré déterminé à faire prendre conscience au plus grand nombre de l’importance vitale de notre terre nourricière. Pour lui, la croissance indéfinie est un mythe et les conditions générales de vie de l’humanité mène à l’échec.

Portant une vision alternative, issue d’expériences agronomiques qui mixent autosuffisance et ingéniosité rurale dans le monde entier, Pierre Rabhi se refuse à dépendre d’un système religieux ou politique. Pour lui, ces 2 systèmes s’appuient sur un conditionnement de plus de 10 000 ans, lorsque l’homme est sorti de son statut de cueilleur-agriculteur, associatif et coopératif, pour passer à celui de prédateur accapareur.

Trop d’importance au superflu

Passant de la réponse à des besoins à un mode de fonctionnement par pulsions, la société d’aujourd’hui donne beaucoup trop d’importance au superflu, beaucoup plus qu’au nécessaire.”La bonne publicité fait croire qu’on ne peut pas être heureux, si on n’a pas un produit. Le bien suprême c’est la joie d’exister, et cela ne s’achète pas. Il y a des gens joyeux qui vivent dans la précarité et des gens malheureux et milliardaires. Il faut changer de vision globale, on a autre chose à faire qu’à épuiser la planète. “, défend-il.

Responsables vis à vis de la nature

Pierre Rabhi réfute toute notion d’utopie.”Il ne doit pas y avoir de clivage entre l’homme et la nature, et nous avons une responsabilité universelle vis à vis de la nature, plaide-t-il. Lors de l’élection Présidentielle de 2002, nous avons été à la chasse aux signatures. Nous en avons collecté 240, mais surtout, nous avons instauré un débat avec la société civile qui a des choses à dire et qui est très créative. C’est l’origine des collectifs Colibris“.

Les Collectifs Colibris

Le nom choisi est issu d’un conte d’Amérique du Sud qui relate la réaction de tous les animaux mobilisés pour éteindre un grand feu de forêt. Le tatou demande au colibri ce qu’il fait puisqu’il effectue des allers-retours vers la rivière en amenant à chaque fois quelques gouttes d’eau. Ce dernier lui  répond alors :”Je fais ma part…”. “Notre œuvre consiste à éduquer et porter un message de coopération auprès des plus jeunes, à redonner leur place aux femmes, qui sont actuellement reléguées alors qu’elles privilégient la collaboration, à la différence du genre masculin qui s’inscrit dans une logique de compétition, d’affrontement et de possession.”

La société actuelle est prédatrice

L’écologie ne devrait pas exister comme un parti car la problématique concerne tout le monde. Je ne crois pas en la politique. C’est rivalité et vanité.  La véritable politique doit mettre l’humain et la nature au cœur des préoccupations. Les partis politiques ont été organisés pour être au service d’un système, d’une caste de dominants qui confisque le patrimoine de l’humanité. On en arrive à une prédation légalisée.  Même si on entre dans une écologie appliquée, on exploite encore son prochain. Ni les religions, ni la science n’ont pas pris soin de la nature sacrée, alors qu’il faut exalter la puissance de la modération. Pour lui, l’humanité est sommée de changer pour ne pas disparaitre. Il n’y a pas d’autre solution !

Valentin Vaxelaire

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