Imaginales – Didier Convard : À la recherche du Graal perdu …

Didier Convard est aux Imaginales ! Illustrateur, scénariste et auteur emblématique de Neige, Hertz, du Triangle secret et bien d’autres Bandes dessinées encore… il prend l’atmosphère du Festival Spinalien, où il a retrouvé François Bourgeon, un ami de longue date, qu’il avait un peu perdu de vue. Rencontre.

– Quelles sont vos passions, vos  angoisses ? Pourquoi cette course du Graal ?

Ma passion est liée à l’humain et l’histoire de l’homme est liée à l’histoire des religions. Dans l’évolution de l’homme, je ne connais pas de décision qui ait été prise sans l’avis du dogme.

– En quoi croyez-vous ?

Je viens d’une famille de tradition chrétienne pratiquante. Je ne crois pas en un Dieu révélé. Mais je me pose des questions et je suis bien obligé de me dire qu’il y a une puissance derrière. Le monde est organisé. Il y a un ordre, un équilibre, une gravitation et le temps. Mais les hommes en ont fait une iconographie un peu puéril qui ne me séduit pas.

– L’éternel débat de la part de naturel et de l’éducation …

L’Homme est la seule espèce qui se pose des questions existentielles. Il a besoin de croire en une vie au-delà pour supporter sa condition. Les animaux fonctionnent à l’instinct et c’est une autre question passionnante : comment est-on passé de l’animal à l’homme pensant.

– Est-ce votre quête de sens, de vérité qui vous mène à l’ésotérisme ?

Bien sûr, c’est la quête de l’essentiel et scénariser une histoire permet “l’intellectualisation”, une prise de distance par rapport à l’instinct. Plus jeune, j’étais impulsif, assez hâtif et pas assez tolérant. Je me fâchais avec les gens pour des choses, qui n’en valaient pas la peine.

– Vous être d’abord auteur ou d’abord illustrateur ?

Je ne suis plus que scénariste. Je ne dessine plus depuis 17 ans. Pour moi c’est plus important de penser l’action que de l’illustrer. J’ai besoin de cette distance des mots.

– Il y a peu de femmes dans votre oeuvre ?

Il y en a, mais c’est vrai qu’elles tiennent une part réduite. Mais quand elles y apparaissent, elles ont une place entière. Elles ne sont pas un faire-valoir de l’homme,  pas une bombe sexuelle. Elles sont respectées et elles ressemblent à des femmes que je connais. C’est difficile de faire parler une femme quand on est un homme. On a tendance soit à en faire une extension de soi, soit à en faire des stéréotypes.

– Et l’ésotérisme ? Comment y vient-on ? pourquoi est-ce si important ?

Quand on prend conscience qu’on est éphémère, on fait tout pour bâtir quelque chose qui reste, pour laisser une trace et pour que l’espèce survive. C’est le rôle des sociétés initiatiques. Profiter de l’expérience collective acquise et poser sa pierre avec celles que les autres mettront pour une oeuvre collective qui traverse le temps. Ça donne de l’humilité.

– Vous êtes dans la provocation, pour faire réagir ?

Je suis dans la provocation parce que j’organise comme une partie d’échecs entre le Vatican et la Franc-maçonnerie et j’avance les pièces. Pour moi, le triangle secret, c’était l’histoire parfaite pour faire passer tous les thèmes qui me sont chers, l’amitié, l’amour, la fraternité, la religion, la foi, la quête et l’histoire. Et je peux décliner des histoires satellite à l’infini.

– Comment analysez-vous le monde d’aujourd’hui ?

Le monde d’aujourd’hui est paradoxal. Il a une face d’une rare beauté, par les progrès de la science, la recherche quantique … et de l’autre, c’est le moyen-âge avec l’extrêmisme, la barbarie et la violence. Les deux progressent à une vitesse fulgurante. c’est le coté obscur de plus en plus ténébreux, morbide et mortifère. Ça échappe à tout le monde. Ceux qui tiraient les ficelles pensent maîtriser la situation, mais l’hydre est sorti du chaudron et quand ils verront qu’ils ne maîtrisent plus rien, ils vont bombarder … La fin d’un monde, le début d’un autre.

– Vous connaissez le succès, est-ce que ça change la quête ?

Quand on passe les 2 millions de lecteurs, ça change quelque chose. Ça fait réfléchir. Il faut garder la tête froide, mais tant que j’aurais envie de vivre, j’aurais quelque chose à chercher, des questions en attente de réponses et des projets de Bandes dessinées !

Exposition dans la Galerie de l’Hôtel de ville à voir jusqu’au 12 juin

http://www.actu88.fr/imaginales-un-duo-denfer/

 

 

 

 

 

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