Nomexy – Le préfet des Vosges sur le terrain de l’élevage

Le malaise des éleveurs fait du bruit. Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts était cet après-midi sur le terrain pour rencontrer les agriculteurs au GAEC du Braumont à Rancourt et au GAEC des Aubiers à Nomexy. Il  a pris l’ampleur de la situation,  fera remonter les revendications, mais il n’a aucun pouvoir de décision sur cette question.

Un obstacle qui pourrait être levé estime Jérôme Mathieu, qui pense qu’il faudrait redonner du pouvoir aux institutions décentralisées. En attendant, le préfet prend la température…

20l de lait /j sans protéïne, 30l/J avec protéïne

La GAEC des Aubiers compte 47 vaches laitières et produit 9560 kg de lait par vache laitière par an pour 1500kg de concentré alimentaire. Il a un contrat avec Bongrain Gérard pour 435 000 litres. L’alimentation des bêtes se compose de 2/3 d’ensilage de Maïs, 1/3 d’ensilage herbe et de protéines de soja (420€/T) et de colza(280€/T).  “Sans aliment protéiné, la vache produit moins de 20l /J, explique Lionel Morel. Aujourd’hui, avec le complément elle donne 27 à 30l/J”.

3kg/vache/j en moins avec la sécheresse

Le système est optimisé dans la mesure où le GAEC produit sa paille, son foin … Il n’achète que les compléments protéïnés. L’objectif est de diminuer le coût alimentaire de 130€/1000l à 100€/1000l, et ce coût ne tient pas compte des charges du bâtiment, des soins … ni du travail. “Avec la sécheresse, chaque vache produit 3kg de lait/J en moins. Le maïs est en train de sécher et ça représente les 2/3 de la ration et les prairies sont grillées. On est obligés de les nourrir dans les prés. C’est le stock de l’hiver qui s’en va”. La demande forte va faire grimper les prix des compléments alimentaires.

Le prix du lait a baissé de 19% par rapport à 2014

Le prix du lait a baissé de 19% sur les 6 premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2014 et les prévisions le donnaient encore plus bas en septembre et octobre. “On n’y arrivera pas !”, conclut fataliste Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’agriculture. Demain, une nouvelle table ronde au Ministère doit plancher sur les prix. “L’alimentation doit cesser d’être un produit d’appel pour les grandes surfaces !”, insiste Jérôme Mathieu.

On continue avec nos tripes

Ce qu’il faut bien voir, c’est que derrière les quelques personnes qui font tourner l’élevage, il y a toute une chaine agroalimentaire avec des emplois. Supprimer les élevages, c’est tuer cette filière et tous les emplois induits“, alerte encore le président de la Chambre. “On s’endette pour continuer à nourrir nos bêtes, témoigne Lydie Saunier, gérante du GAEC de la bonne franquette. On les aimes nos vaches ! On ne va pas les laisser mourir, parce qu’on n’a plus les moyens de payer. Ce qui me fait peur reprend-elle,  c’est la détresse humaine. On se bat, on continue avec nos tripes et je crains que ça parte en vrille !“.

Pourquoi les autres pays produisent-ils moins cher ?

Pourquoi les autres pays produisent moins cher, interroge Daniel Grémillet, sénateur. Je suis allée au Nord de l’Allemagne, ce sont des fermes de 1500 à 2000 vache avec des travailleurs polonais, roumains, italiens… IL faut y réfléchir. 2e point, la France va accueillir en décembre, la COP21 (conférence internationale pour l’environnement) et j’ai peur qu’on ne nous remette des normes et des contraintes supplémentaires”.

Ça ne passe pas ! Ça va casser…

Le préfet a entendu ces questionnements et évalué le degré de saturation. “Le système est compliqué, commente-t-il. Les  mesures du plan d’urgence sont des mesures positives, mais le problème, c’est le prix et ce n’est vraiment pas simple !”. Toujours est-il que quelle que soit l’exploitation, avec ces prix, ça ne passe plus nul part ! A suivre demain après la table ronde.

Plan de soutien à l’élevage

http://www.actu88.fr/rancourt-la-methanisation-pour-valoriser-les-effluents-agricoles/

 

 

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